Catalogue
« Bernard Plossu : Les Lointains proches » in Mediterranea, Cinquième Biennale Internationale de la Photographie, dir. par Denis Curti et alii, avec une introduction de Pedrag Matvejevic, Mar.Co. Edizioni, Turin, 1993.
Les vies, des vies dans la vie, secrètes et tremblantes : et des lieux, les villes d’une géographie du départ, quelque chose du passage où s’articulent l’Espagne et l’Italie, la Grèce… Ce sont des Lointains proches. Ces lieux méditerranéens où Bernard Plossu et sa famille ont vécu, depuis 1989, durant trois mois ou deux ans : des lieux dans la nostalgie d’une vie passante, nomade. Ils sont partis dans le sud (Almeria) pour y revenir autrement aujourd’hui (Marseille). À ce sud intérieur où, pour Bernard Plossu, il n’est question que du temps photographique… Dans Les Lointains proches, le temps des images devient celui d’une histoire : son inscription dans la mémoire du photographe, et le grain de l’image dans le flux de l’humanité. Comme un retour à la visibilité des choses, mais un peu à côté du document… Qu’est-ce que le sud et ces hommes et ces femmes qui traversent ce monde en déplacement, méditerranéen, boucle dans la boucle, ulysséen ?
Ils y restaient, ils attendaient donc. Car, ici, c’est l’attente : la mer, des bateaux. Dans un temps proche qui s’éloigne et devient de lointains paysages, leur empreinte gardée sur le sable, sa trace dans ce décor. Les enfants voient-ils la lumière autrement que de front ? Quand le grain de la peau, et le vent caressant du sud, composent le grain de l’image photographique avec la délicate attention des Lointains proches.
A. C.