Essais
Esthétique de l’image, fictions d’André Pieyre de Mandiargues
Publications de la Sorbonne, coll. « Esthétique », Paris, 2001, 296p.
À la croisée de l’imaginaire, de la rhétorique et de l’art, l’œuvre d’André Pieyre de Mandiargues, écrivain, poète et critique d’art, produit des images au fil de récits qui les explorent sans fin. Ainsi, les peintures de Chirico, le surréalisme et Max Ernst, la photographie comme le cinéma proposent à cette écriture leurs modèles artistiques et parfois poïétiques. Or, qu’énoncent de l’image les fictions de Mandiargues, littéralement sans icônes, mais qu’un effet d’image rend obstinément visuelles ? Mandiargues est enfant quand il voit sa mère dans les voiles noirs du deuil. Cette vision, messagère de la mort et médusante, sera le fondement de sa poétique : l’image procède d’abord du désastre. Chaos qui sera doublé d’une autre mort, symbolique et ontologique celle-là : c’est toujours en vain que les mots rendent compte du monde visible où ils s’épuisent. Parallèlement, apparaît une esthétique où l’œuvre de Mandiargues prend également source. L’image est déclinée dans une écriture qui, des spécificités des arts plastiques, fait son intrigue passionnée : la visualité, traduite en un inventaire critique d’elle-même, prend alors corps dans la langue. Sont créées de nouvelles modalités pour appréhender les temps de l’image, pour relire ainsi le temps panique, et les espaces de l’art, la couleur et la forme, la transparence et le son. André Pieyre de Mandiargues expérimente aussi loin qu’il se peut les relations entre le lisible et le visible, entre le texte et l’image, et, ce faisant, constitue une œuvre, radicale et moderne, dont l’utopie découvre une esthétique de l’image en fictions.
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Introduction
I. Passages et apories
Chapitre 1. L’Art de l’écrivain
Pieyre de Mandiargues critique d’art ?
L’Origine du regard. — L’Accompagnateur. — Artistes et écrivains.
De la différence entre les arts
Du Laocoon. — Correspondances avec Bona. — Vers la fusion des contraires.
L’Image indéfinie
Le Paradigme image dans les Belvédère. — Les Années Henri Cartier-Bresson. — Le Surréalisme et l’image.
Chapitre 2. Dans un monde visible
Portraits de l’écrivain en peintre
Propos sur l’écriture comme peinture. — L’Admirable descripteur. — L’Écriture, l’image et Méduse.
La Division optique
Du Regard. — Poétiques de l’œil et des yeux. — L’Incomplétude de la vision.
Fiction des images
La Description absolue. — L’Énigme de la photographie. — Passages.
Chapitre 3. L’Écriture et son modèle
Le Réalisme et son double
Réalisme, réel et réalité. — L’Infini du détail. — Un Réel figuré (signes, indices, empreintes).
Poétique du visible
L’Enregistrement. — L’Inventaire. — Couleurs blanche, noire ; et la constellation.
Du Baroque
Le Monde est un théâtre. — Rhétoriques du miroir. — Narcisse noir.
II. Poétiques du désastre
Chapitre 1. Figures, icônes
Faire image
Transports métaphoriques. — Comment ne pas voir ? — L’Image comme fin.
Les Absences de la métaphore
Courts-circuits. — L’Image effacée. — Le Triangle ambigu.
Symbolique de Mandiargues
Ce privilège massif de la ressemblance. — L’Histoire de l’encre (et autres allégories). — Signaux dans La Motocyclette.
Chapitre 2. L’Imaginaire
L’Imagination dans l’écriture, l’imaginaire
Rêves mis en scène, mises en scène de rêves. — L’Image-mémoire. — Lexique de l’imaginaire (songe, rêverie, vision intérieure).
Poétique, plastique
Les Mots séparés. — Décrire le relief. — Les Métaphores du cinéma et de l’écran.
L’Image blanche
Le Sang de l’agneau. — L’Image dans la Villa des Épinettes. — L’Image blanche.
Chapitre 3. Poétiques du désastre
Morts
L’Écriture, l’image, la mort. — Tombeau du portrait photographique. — Intrigues.
Funérailles de l’écriture
Le Tombeau d’Aubrey Beardsley ou les fashionables chinois. — Le Mot, cette déflagration. — Luxes et désastres.
L’Absence
La Description comme critique de l’image. — L’Absence. — La Grotte.
III. L’Image ouverte
Chapitre 1. Miroirs des temps : l’écriture, l’image
Temps paniques
L’Instant panique de l’image. — Figures du jeu d’échecs et de l’échiquier. — Temps photographiques dans La Marge.
Le Globe suspendu
Max Ernst : peintre du temps. — Un gros, un très gros œil, en vérité. — L’Infini du temps ouvert.
Miroirs des temps : l’écriture, l’image
Le Tapis roulant. — Les Corps platoniciens. — L’Absorption partagée.
Chapitre 2. Ces cadres se rempliront
Certains espaces décrits
Lieux de Chirico et de l’École métaphysique italienne. — La Ville est un réseau de signes. — Sémantique du musée.
Espaces utopiques de l’écriture et de l’image
Labyrinthe de l’image. — Abolir les mesures (peinture, métaphore, vision). — L’Imaginaire de la page.
Espace poétique, espace iconique
Point de vue, l’observateur. — Perspectives et profondeurs de champ. — L’Objet du cadre.
Chapitre 3. Concordances
Palettes
L’Art du peintre. — Le Nom des couleurs et la couleur du nom. — Monochromes, signes et symboles.
Formes informes
La Craie, l’écriture de sa matière. — … entre lesquels il pourrait naître des mondes… — L’Oxymore ou l’apogée de l’image.
Dans le corps sonore de la langue
Inéluctables modalités du regard et de l’ouïe. — Cinématographiques. — Sons, mots, images.
Conclusion
Bibliographie
Index
Table des matières